En chirurgie orthopédique et traumatologique, les réactions d’hypersensibilité aux implants constituent une complication rare mais très dommageable. Considérées comme des réactions d’hypersensibilité retardées (typeIV), elles se caractérisent par l’activation, par un antigène, de lymphocytesT sensibilisés qui libèrent diverses cytokines et peuvent activer les ostéoclastes et entraîner une résorption osseuse. Les haptènes potentiels proviennent d’alliages métalliques ou du ciment osseux. Une méta-analyse a confirmé la probabilité plus élevée d’hypersensibilité aux métaux chez les patients ayant une arthroplastie et constaté que les implants défaillants exposaient à un risque accru d’hypersensibilité par rapport aux implants stables. L’hypersensibilité aux implants peut provoquer divers symptômes parmi lesquels douleurs, épanchement articulaire, retard de guérison de la plaie ou de l’os, sécrétions persistantes, dermatite allergique (localisée ou systémique), cliquetis audible, perte de la fonction articulaire, instabilité et défaillance de l’implant. Diverses options diagnostiques ont été proposées, notamment les tests épicutanés, les tests à l’aide de patchs d’alliage de métaux, l’histologie, et les tests de transformation lymphocytaire (TTL), d’immunostimulation des lymphocytes mémoire (MELISA®), d’inhibition de la migration leucocytaire (TIML) et d’activation lymphocytaire (TAL). Aucune différence n’a été relevée entre les méthodes in vivo et in vitro. Les méthodes de dépistage ayant donné des résultats peu convaincants, les tests prédictifs ne sont pas recommandés en routine. L’étiologie infectieuse doit toujours être écartée. Devant l’absence de données probantes désignant un traitement optimal à partir d’études à grande échelle, la prise en charge se fonde actuellement sur des décisions au cas par cas. Il existe plusieurs options pour les patients qui présentent une hypersensibilité avérée ou suspectée aux métaux, incluant les matériaux à base de céramique, de titane ou d’oxinium ou des surfaces modifiées. Des résultats prometteurs ont été rapportés, mais on manque de résultats à long terme et des études plus vastes sont nécessaires à cet égard. Chez les patients présentant une hypersensibilité au ciment osseux, le composant jugé responsable doit être évité. Le développement de biomarqueurs prédictifs est considéré comme un apport majeur pour l’avenir.